Hans Bellmer

Hans Bellmer

#Photographe #Incontournable
Hans Bellmer, peintre/ photographe/ graveur/ dessinateur et sculpteur français (1902-1975).

S'il étudia le dessin et la typographie, Bellmer fut essentiellement autodidacte en photographie. Il commença sa série de poupées vers 1934. La photographie ajoute un autre élément à ses recherches psychologiques et formelles. En 1947, il publia un livre où figuraient 15 images (Les Jeux de la popuée), accompagnées de poèmes de Paul Eluard. Il utilisait des poupées qu'il pouvait démonter et réagencer. «Comme dans un rêve, le corps peut changer le centre de gravité de ses images, affirma-t-il. Mû par un curieux esprit de contradiction, il peut ajouter ici ce qu'il a retranché là; par exemple, il peut placer la jambe en haut du bras, la vulve sous l'aisselle, afin de réaliser des 'compressions', des 'preuves d'analogie', des 'ambiguïtés', des 'jeux de mots', d'étranges 'calculs de probabilité' anatomiques». Bellmer coloriait à la main ses photographies et, pour ce faire, il utilisait souvent des verts et des roses criards. Les poupées étaient des jouets de petites filles, le potentiel de violence et de sexualité qu'elles renferment, et dont le sujet est à la fois la source et la cible, dérange sans jamais faire l'objet d'une résolution.
Sur une image, les membres de la poupée sont agencés pour donner l'impression qu'elle est assise sur une chaise face au spectateur. Ses cheveux blonds mal coiffés lui donnent un air lubrique, son visage disparaît presque sous ses deux énormes seins en forme de ballons, son torse se résume aux lèvres gonflées de son vagin entre ses cuisses. Elle n'a pas de bras et son seul oeil visible est une orbite creuse aux contours accentués. Pour accompagner cette image, Eluard a proposé le poème suivant: «On ne l'entend jamais parler de son pays ni de ses parents. Elle a peur d'une réponse négative, craint le baiser d'une bouche muette. Agile et libérée, mère-enfant tout en douceur, elle démolit l'enveloppe des murs qui l'entourent et peint la lumière du jour de ses propres couleurs. Elle effraie les animaux et les enfants. Elle fait pâlir les joues et verdir l'herbe d'un vert plus cruel.» Il ressort du texte et de la photographie que la poupée est le second personnage d'un récit dont Bellmer serait le héros, semblable au Humbert Humbert de Lolita, appareil photo en prime.