Bill Brandt

Bill Brandt

#Photographe #Incontournable
Bill Brandt dit Hermann Wilhelm Brandt est né à Hambourg en 1904 d'un père anglais et d'une mère allemande, dans un milieu cossu de banquiers et de commerçants luthériens.

Traumatisé par la Première Guerre mondiale et par sa double nationalité, Bill Brandt décida de renoncer à sa culture germanique et toute sa vie il essaya de se défaire de son accent allemand. De 16 à 22 ans, il vécut dans un sanatorium des Alpes suisses pour traiter sa tuberculose. Guéri, il partit rejoindre un de ses trois frères en Autriche.

Sa carrière de photographe débuta à Vienne en 1928 grâce à un portrait du poète Ezra Pound. Très impressionné par le talent de Brandt, celui-ci le présenta à Man Ray, qui le prit comme assistant à Paris pendant trois mois en 1929 (poste qu'occupèrent également Berenice Abbot et Lee Miller).

Bill Brandt vécut l'âge d'or du surréalisme à Paris, qui eut un impact considérable sur son imagination visuelle, stimulant d'avantage encore son enthousiasme pour la photographie.

Au début des années 1930, Bill Brandt rencontra Eva, qui devint la première de ses trois femmes. Ensemble ils voyagèrent en Europe, notamment à Barcelone et en Hongrie, puis en 1934 ils s'établirent dans le nord de Londres, dans un quartier réputé pour sa vie artistique et intellectuelle.

Il installa un laboratoire dans sa petite cuisine. C'est à cette époque qu'il se lia d'amitié avec Brassaï, qu'il fréquenta toute sa vie. Il photographiait alors des personnages dans leurs intérieurs, à Hampstead ou à Campden Hill.

Son premier livre, The English at Home, parut en 1936, suivi en 1938 par A Night in London - images inquiétantes, sombres et mélodramatiques de la vie nocturne londonienne - très inspirées par le Paris la nuit de Brassaï. Vers 1937 Bill Brandt commença à travailler comme photojournaliste pour le Weekly Illustrated, puis pour les magazines Lilliput, Harper's Bazaar et le Picture Post. Bill Brandt se fit alors connaître grâce à un reportage sur les inégalités au sein des classes sociales britanniques : ses photographies montraient à la fois la vie des mineurs du nord de l'Angleterre, les enfants des rues de l'est londonien, et les classes privilégiées en chapeau haut de forme sur les champs de courses ou au salon, servantes en cuisines.

Pendant la guerre, Bill Brandt réalisa pour le Ministère de l'Information britannique des images historiques des rues désertées pendant le couvre-feu, et des Londoniens réfugiés sur les quais du métro. Ses photographies furent publiées pour la première fois aux Etats Unis dans LIFE Magazine.
En 1946, Bill Brandt entama une série de portraits d'artistes britanniques pour Lilliput et le Picture Post, qu'il élargit dans les années 1950 et 1960 pour Harper's Bazaar. C'est également à cette époque que son premier nu fut publié.

A la fin des années 1950, Bill Brandt se consacra à une passion grandissante : la photographie de paysages, fasciné par l'atmosphère qui s'en dégage : « l'envoûtement qui charge l'endroit le plus banal de beauté. » En 1951, Literary Britain publia parmi ses plus belles images. Parallèlement, Bill Brandt fit l'acquisition d'un appareil Kodak grand angle dans une brocante, et il commença à se consacrer de plus en plus au nu, en intérieur dans un premier temps, puis en extérieur - notamment sur les plages du Sussex et de Normandie. Sans doute fut-il influencé à ce stade par l'œuvre du sculpteur Henry Moore, dont il avait visité le jardin sculptural en 1946 - date à laquelle Lilliput publie son premier nu.

En 1961, ses nus furent publiés à Londres et à New York, dans un ouvrage intitulé Perspective of Nudes. En 1969, le MoMA présenta la première rétrospective de Bill Brandt, sous la direction de Steichen et de Szarkowski, et en 1970, la Hayward Gallery organisa sa première rétrospective londonienne.

Bill Brandt, qui souffrait de diabète depuis plus de 40 ans, s'éteint à Londres en décembre 1983. Sa carrière photographique dura plus d'un demi siècle. Ses cendres furent dispersées sur Holland Park, dans le quartier de Londres où Bill Brandt passa la fin de ses jours.


BIBLIOGRAPHIE

- «Bill Brandt, The English at Home» : Introduction de Raymond Mortimer. (London: Batsford, 1936)
- «Bill Brandt, A Night in London» : Introduction de James Bone. (London: Country Life and Paris (as Londres de Nuit): Arts et Métiers Graphiques, 1938)
- «Camera in London» : Introduction de Bill Brandt, commentaires de Norah Wilson, (The Focal
Press, London, 1948)
- «Bill Brandt, Literary Britain» : Introduction de John Hayward. (London: Cassell, 1951)
- «Bill Brandt, Perspective of Nudes»: Introduction de Chapman Mortimer. (London: Bodley Head, 1961)
- «Bill Brandt, Shadow of Light»: Introduction de Cyril Connolly. (London: Bodley Head, 1966)
- «Bill Brandt: Photographs» : Introduction de Aaron Scharf. London: Arts Council of Great Britain, 1970)
- «Bill Brandt: Early Photographs, 1930-42» : Texte de Peter Turner. London: Arts Council of Great Britain, 1979
- «Bill Brandt, Shadow of Light (2nd, edition, revised)» : Textes de Cyril Connolly et Mark Haworth- Booth. London: Gordon Fraser, 1977
- «Bill Brandt: A Retrospective Exhibition»:Texte de David Mellor. Bath: Royal Photographic
Society, 1981
- «Bill Brandt: London in the Thirties» : London : Gordon Fraser, 1984 / Introduction de Mark
Haworth-Booth. New York: Pantheon Books, 1984
- « Bill Brandt» : Introduction de Ian Jeffrey. Bibliographie de Nigel Warburton. Paris: Photo Poche, 1994
- «Bill Brandt: The Photography of Bill Brandt» : Préface de David Hockney, textes de Bill Jay et Nigel Warburton. Paris : La Martinière, 1999

SUR BILL BRANDT
- «Bill Brandt: Essai « : Texte de Patrick Roegiers. Paris: Pierre Belfond, 1990
- «Paul Delany, Bill Brandt: A Life» : London: Jonathan Cape, 2004