Alix Cléo  Roubaud

Alix cléo Roubaud

#Photographe
Alix Cléo Roubaud est née le 19 janvier 1952 à Mexico. Elle est morte le 28 janvier 1983 rue des Francs-Bourgeois à Paris, quelques jours après son trente-et-unième anniversaire. Elle est le premier enfant de Marcelle et Arthur Edward Blanchette. Son frère Marc naît en 1957 à Pretoria en Afrique du Sud. Fille de diplomate et d’artiste, son enfance a été rythmée par des voyages et déménagements au Mexique, en Égypte, au Portugal et en Grèce. Souvent éloignée de ses proches et amis, elle a très tôt tissé des relations épistolaires. Elle a laissé environ huit cents lettres, mots et télégrammes, dont un tiers environ rédigé de sa main.

Entrée à l’Université d’Ottawa en 1967, Alix Cléo Roubaud y étudie la psychologie, la littérature, l’architecture, avant de choisir la philosophie. En 1972, elle quitte le Canada pour suivre des études de philosophie à Aix-en-Provence. Ce choix est aussi motivé par des raisons de santé : le climat méditerranéen l’aide à soigner l’asthme dont elle souffre depuis l’enfance et qui s’aggrave avec le temps. Pour cette même raison, à partir de 1978, elle séjourne tous les ans à La Bourboule, ville thermale du Puy-de-Dôme. Elle réalise quelques photographies dans le décor désuet de ce lieu paisible. Le séjour annuel à La Bourboule est une étape de soin dans la vie d’Alix Cléo Roubaud, sa maladie respiratoire étant son essentielle préoccupation.
En 1975, elle part pour Paris et s’inscrit au département du champ freudien à l’Université Paris-VIII. À vingt-quatre ans, elle commence une thèse de doctorat sous la direction de Jacques Bouveresse. Son sujet : « Wittgenstein : Style et pensée. Remarques sur l’écriture philosophique ». Elle n’a jamais terminé ses recherches dans ce domaine.

À Paris, sa vie mondaine est intense : dès 1979, elle organise tous les mois une fête dans son appartement parisien de la rue Vieille-du-Temple, où elle rencontre les intellectuels et les artistes de son époque. Elle y expose parfois ses dernières photographies. Le 29 juin 1979, elle fait la connaissance du réalisateur Jean Eustache. En juillet 1980, elle
tourne avec lui Les Photos d’Alix. Pour présenter ce court-métrage à des étudiants, Alix écrit un texte-manifeste, détournement du Tractatus logico-philosophicus de Ludwig Wittgenstein, prou- vant la densité théorique de ses recherches autant que son humour. Les Photos d’Alix obtient le César du meilleur court-métrage de fiction en 1982, quelques mois après le suicide d’Eustache le 5 novembre 1981.

En décembre 1979, Alix Cléo Blanchette fait la connaissance de Jacques Roubaud. De mars à juin, ils voyagent à Amiens, Fès, Avignon et Cambridge, où ils se marient le 11 juin 1980. À partir de 1979, son travail photographique se précise ; la connivence intellectuelle avec son époux-poète, les projets à deux et les lectures communes influencent leurs productions respectives. Se dessinent alors les axes principaux des explorations photographiques d’Alix Cléo Roubaud : conceptualisation de l’image, mise en scène de soi, disparition. Malgré cette émula- tion et le bonheur de la vie conjugale, Alix Cléo Roubaud est encore sujette à de violents accès de dépression, allant jusqu’à des tentatives de suicide. En août 1980, elle tente une nouvelle fois de mettre fin à ses jours dans la demeure familiale de Jacques Roubaud à Saint-Félix, près de Carcassonne. Quelques jours après, elle réalise dans l’atelier de son beau-frère, Pierre Getzler, attenant à la maison principale, sa série photographique la plus célèbre : Si quelque chose noir.

En janvier 1982, après un voyage avec Jacques Roubaud à Tunis, Alix Cléo Roubaud participe à une importante exposition collective intitulée Une autre photographie, présentée à la Maison des arts de Créteil. Elle est sélectionnée cette même année par Alain Desvergnes pour figurer aux Rencontres internationales de la photographie d’Arles, qui auront lieu huit mois après son décès.

Le 28 janvier 1983, tôt le matin, elle est retrouvée morte par son époux.
En 1984, Jacques Roubaud décide de publier, avec la complicité de Denis Roche, le journal intime d’Alix. Il ne sélectionne que les cahiers écrits du temps de leur relation (1979-1983). Il insère dans le volume quelques-unes des photographies réalisées par Alix Cléo Roubaud.
Jusqu’en 2009, cet œuvre est demeuré largement inconnu. Jacques Roubaud disposait des six cent cinquante-deux photographies retrouvées pêle-mêle après sa mort. Ces images ont aujourd’hui rejoint les collections de la Bibliothèque nationale de France, du Musée national d’art moderne, de la Maison européenne de la photographie, de la Bibliothèque municipale de Lyon et du Musée des beaux-arts de Montréal.